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La chapelle de Mérens défie le temps

À la soulane de Mérens, la chapelle romane resurgit de ses ruines dans un site magique. Perché au-dessus du village, loin des regards pressés de la nationale 20, son clocher carré andorran magnifie le lieu. Ses trois hauteurs d'ouvertures doubles coiffées chacunes à l'arc plein ceintre respirent l'harmonie millénaire du pur roman. Bâti au XIe siècle, son magnifique assemblage de pierre suit de cent ans celui de la chapelle. Les murs de sa base rectangle que les Mérengois ont connus recouverts de ronces et de lierre, sont parfaitement consolidés depuis 2003. Un sauvetage expert qui a déjà valu à la chapelle ses premiers Rubans du patrimoine.

La restauration de son chevet, remarquable cul-de-four, lui vaut depuis cette année ses seconds Rubans. Ils lui ont été remis par René Mouysset, l'ex président de la Fédération régionale du bâtiment, en présence de Gérard Centenero, président de la fédération BTP 09 et Pierre Barrousse, responsable de la Fondation du patrimoine, et du sous-préfet Jean-Marc Duché. Le document tricolore a été reçu par le maire Roger Sicre, en présence des habitants du village, des enfants de l'école accompagnés de leur maîtresse Marie-Pierre Ardourel. C'est à la jeune génération que Roger Sicre a dédié la restauration du Monument historique, classé depuis 1969.

Art roman médiéval

« Legs des générations précédentes, cet héritage qui constitue notre richesse, nous devons le préserver et le mettre en valeur pour le transmettre aux générations futures ». L'église Saint Pierre de Mérens est l'un des rares exemples d'église des Xe et XIe siècles des Pyrénées françaises. Elle apparaît juste après la naissance de la frontière (au IXe siècle) : la première trace écrite sur Mérens remonte à l'an 960 quand naissait « le village d'en haut » qui construirait la chapelle romane. Celle-ci s'inscrit dans le grand courant du premier art roman médiéval et s'apparente d'avantage à ses sœurs andorranes qu'à ses voisines du comté de Foix. Traduisant la puissance des échanges culturels et commerciaux de part et d'autre des Pyrénées. En 1811, en revanche aux massacres napoléoniens, les « miquelets », des pillards espagnols, dévastent la région, brûlant l'église et le village. La population se déplacera vers le fond de vallée où coule l'Ariège et construira une nouvelle église.

Au fil des aides de l'État et collectivités territoriales, l'entreprise de José Correa au prestigieux savoir-faire, redonne peu à peu son joyau d'art roman à Mérens. On notera la splendide couverture d'ardoise du chevet « en cureau dégressif, à deux tiers de recouvrement : typique des Pyrénées ».

Ce monument splendide qu'entoure son vieux cimetière, s'animera le 26 juillet, à 18 heures, avec la messe de la saint Pierre. Le père Paul la célébrera sous la voûte céleste. Dieu seul sait, avec lui, s'il aura son accordéon pour pousser une chanson pyrénéenne comme il l'a joliment fait lors du vin d'honneur qui a inauguré, vendredi, l'ouverture du site.

Source: La Dépêche Auteur : Bernadette Faget