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Conférence internationale sur le premier art roman à Baume-les-Messieurs

Jusqu'à hier, Baume-les-Messieurs et Saint-Claude ont vécu à l'heure du premier art roman. Un colloque international regroupant plus de cent cinquante personnes venues d'Italie, d'Espagne, de Belgique, du Royaume Uni, de Suisse, des Etats-Unis et de France, chercheurs et scientifiques de haut vol. Il est organisé par l'Université de Franche-Comté, le CNRS, avec le Service régional de l'archéologie, sous l'égide de la Société française d'archéologie.

Il y a cent ans, Joseph Puig I Cadafalch, architecte érudit catalan, définissait le « premier art roman » comme une école internationale du XIe siècle, caractérisée par l'emploi d'un système constructif et décoratif original : murs en moëllons, animés d'arcatures aveugles retombant sur de minces bandeaux verticaux, les « bandes lombardes ». Cet art populaire aurait été véhiculé par des maçons itinérants. En introduction au colloque, Eliane Vergnolle a montré comment la définition de Puig I Cadafalch, si elle reste utile, masque la réalité de la construction autour de l'an mil. Le renouveau des fouilles archéologiques entre Saône et Pô a fait évoluer l'histoire des débuts de l'architecture romane sur des points essentiels, comme le plan des chevets et le voûtement des nefs. Ces monuments résultent de commandes passées à des architectes réputés par de grands patrons, tel Hugues de Salins, archevêque de Besançon, pour la Bourgogne. Ils témoignent des ambitions d'un clergé issu de la haute aristocratie qui met en scène la liturgie, par exemple avec la construction de cryptes. L'historien René Locatelli a présenté le cadre : le royaume de Bourgogne autour de l'an 1000. Loin des « grandes peurs », il a montré comment ce monde était en réalité en pleine évolution. Le royaume de Bourgogne, qui s'étendait de Bâle au Rhône et de Cluny aux Alpes, était à une place charnière entre Italie, Allemagne et royaume de France. Cette place explique peut-être le nombre d'édifices du « premier art roman » de ce territoire. De grands spécialistes européens se sont succédé, apportant des éclairages détaillés et novateurs à la réflexion. Le Jura conserve de nombreux monuments remarquables du premier art roman. Ce patrimoine attire depuis des années des équipes scientifiques de renom. Les recherches archéologiques, menées sous la direction d'Eliane Vergnolle, Christian Sapin, revisitent largement les connaissances. Ainsi, les travaux de Marie-Laure Bassi sur Saint-Désiré de Lons-le-Saunier et de Sébastien Bully à Saint-Lupicin ont été présentés au colloque.

Le Jura lance la commémoration de Cluny

Ce colloque international s'inscrit dans une année particulière. En effet, les 10, 11 et 12 septembre 2009, le Jura accueillera les journées européennes de lancement des commémorations de la fondation de Cluny. Cette abbaye, « phare de l'Occident médiéval », a été fondée en 909 ou 910 par l'abbé Bernon, parti du Jura avec douze moines de Baume et de Gigny. Le programme de ces journées de septembre, organisées à l'instigation de la Fédération européenne des sites clunisiens et coordonnées par le Conseil général, alliera manifestations scientifiques et grand public. Il donnera un avant-goût de la programmation culturelle et patrimoniale proposée dans le Jura en 2009 et 2010 et c'est dans cette optique que vient de se dérouler ce colloque international à Baume-les-Messieurs.

Pour en savoir plus sur les commémorations clunisiennes : www.cluny2010.eu et www.juramusees.com

Source et illustration: Le Progrès