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Les facettes des entreprises de restauration du patrimoine

Le GMH rassemble 196 entreprises spécialisées dans la restauration du patrimoine. le groupement professionnel vient de réaliser une enquête auprès de ses membres.

Pour ma part je retiens deux chiffres, liés au contexte économique qui nous entoure : 77% des entreprises ont embauché cette année, et 75% d’entre elles ont au moins un apprenti.
A lire ci-dessous les principaux chiffres de l’enquête et l’analyse de Xavier Greffe, Professeur à l’université de Paris I Sorbonne qui insite sur l’excellence et la qualité de ces métiers.

Résultat de l’enquête
• 54% des entreprises sont familiales
• Moyenne d’âge du dirigeant de l’entreprise membre : 51 ans
• 87% des entrepreneurs sont diplômés
• 81% des entreprises possèdent une qualifi cation délivrée par Qualibat
• 50% des activités des membres sont liées aux Monuments Historiques
• 70% des donneurs d’ordres sont publics
• 60% des entreprises interviennent à l’échelle régionale
• 31% des entreprises interviennent à l’échelle nationale
• 11% des entreprises interviennent à l’échelle internationale
• Age moyen d’un salarié de l’entreprise membre : 37 ans
• 77% des entreprises ont embauché cette année
• 75% ont au moins un apprenti

En savoir plus sur l’enquête

Le commentaire de Xavier Greffe, Professeur à l’université de Paris I Sorbonne :
« Au moment où beaucoup s’interrogent sur la capacité à assurer une bonne conservation du patrimoine bâti, l’étude présentée par le GMH sur les entreprises du secteur est du plus haut intérêt. Non pas que ce soit là la seule condition d’une bonne restauration, et l’on sait combien les fluctuations des financements publics au cours des dernières années jouent un rôle majeur. Mais parce que l’offre de conservation reste
tout aussi importante que la demande de conservation, et que la connaissance approfondie de cette offre permet d’identifier les problèmes, défis et perspectives de solution de la conservation et de la restauration dans notre pays.
Plusieurs caractéristiques apparaissent ici déterminantes :
- la qualité d’une tradition qui remonte souvent à plusieurs générations. Ce qui est ici essentiel c’est donc de voir que de telles entreprises détiennent un capital culturel et social accumulé de longue date mais aussi réactualisé en permanence qui garantit une qualité de travaux
que des entreprises apparues soudainement à partir d’autres préoccupations ne pourraient certainement pas relayer ou même atteindre.
- la qualité d’une gestion « à taille humaine » qui permet mieux que d’autres de s’adapter à des situations souvent longues et complexes, et à mettre en oeuvre des solutions qui doivent toujours être très fines ;
- le rôle passé et présent de l’apprentissage dans l’acquisition et parfois la transmission de compétences rares : lier les investissements de toute une vie à un métier d’origine, ce qui n’exclut en rien l’adaptation des compétences, est un investissement exceptionnel pour l’entreprise
comme le territoire concerné ;
- l’opportunité que représente aujourd’hui la diversification de la demande compte tenu des dernières réglementations relatives à la maîtrise d’ouvrage et à la maîtrise d’oeuvre.
Ainsi le tableau présenté permet-il de mieux cibler l’enjeu pour le pays d’une offre riche mais aussi fragile et souvent concurrencée par l’admission d’une baisse de qualité bien plus que par une meilleure efficacité, d’où l’importance des labels. Nul doute que cette étude renforcera le camp de ceux pour qui conservation et restauration sont des missions autant que des activités, dont le bénéfice peut s’étendre à tout le bâtiment, même s’il s’expérimente au départ sur le domaine des monuments.

Benoit de Sagazan