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Figeac. L'église fortifiée livre ses secrets

Grâce aux technologies nouvelles, à l'archéologie et après deux ans de recherches, Anaïs Charrier explique la construction de l'église fortifiée de Saint Pierre Toirac

On a peu de textes, les seuls éléments probants sont les vestiges matériels », explique Anaïs Charrier, jeune archéologue qui a travaillé deux ans à l'étude de l'église Saint-Pierre Toirac. Cette église fortifiée durant la guerre de Cent ans est à plus d'un titre exceptionnelle. Édifié à la fin du XIIe siècle, le monument a la particularité d'être exactement à la jonction de l'art roman et du gothique, autre fait d'importance deux matériaux participent à la construction de l'édifice.

« S'il y a eu un seul mandataire pour commander l'église, il y a eu deux équipes qui ont travaillé ensemble aux différentes parties. Aussi leurs techniques s'imbriquent l'une dans l'autre comme à l'angle de ce mur le grès et le calcaire se superposent pierre à pierre pour élever le mur. Ici, on a construit du roman à l'époque gothique, on est à la mode mais on s'inscrit dans la tradition », explique la jeune spécialiste. « L'étude de ce lieu s'est faite dans le cadre de l'inventaire thématique des édifices du Moyen Âge du Lot piloté par Gilles Séraphin et Maurice Scellès. J'ai reçu un soutien exemplaire du Conseil général du Lot, du Conseil régional et de la municipalité. Je n'aurais pas pu consacrer autant de temps à mes recherches sans eux », ajoute Anaïs.

« Aujourd'hui, cette nouvelle étude remet en question les thèses précédentes. En étudiant les bâtiments comme le sous-sol, par strates, on constate que cette église est un projet unique », explique Nicolas Bru, chargé de mission du Patrimoine.

Le chemin de Saint Jacques

On remarque également une inspiration de Conques et du Puy en Velay. Au Moyen Âge, Conques attire des milliers de pèlerins, l'abbaye est située sur la voie royale entre le Puy et les Pyrénées. Il faut attirer le pèlerin et en construisant une église qui se revendique de Conques on a plus de chance. Ces pèlerins apportent de l'argent, les voies de communication s'ouvrent. L'église tient la dîme, l'impôt. Il y a là un véritable enjeu économique.

Un patrimoine médiéval exceptionnel

Au-delà de la construction, l'église présente une grande richesse patrimoniale. « Elle possède 54 chapiteaux sculptés. On remarque à nouveau le travail des deux équipes. Les chapiteaux en grès sont finement ciselés et représentent des entrelacs ou des sujets. Les chapiteaux en calcaire sont plus simples », reprend la spécialiste. Les équipes de maçons suivent les commandes sur le chemin de Saint-Jacques. » Pour trouver du travail c'est là qu'il faut être. C'est pour cela que l'on retrouve des motifs de Conques, des éléments archaïques côtoient des éléments novateurs. Il faut admirer les éléments remarquables tels ces deux baies trilobées avec des ouvertures en formes de croix qui faisaient jouer la lumière dans le chœur. Il y a une vraie sophistication du décor », conclut Anaïs.

Anaïs Charrier animera une conférence sur l'église médiévale de Saint Pierre Toirac demain soir, à 20 h 30, dans la salle des fêtes du village.

Le chiffre : XIIe

L'église fortifiée de Saint-Pierre-Toirac a été construite au XIIe siècle et est à la jonction des arts roman et gothique.

« Aujourd'hui, cette nouvelle étude remet en cause les thèses précédentes. Cette église est un projet unique». Nicolas Bru, chargé de mission au Conseil général du Lot.

Source et illustrations: Marianne Angelitti La dépêche