Pour trouver d'autres cuves de ce type, il faut se tourner vers la Normandie et l'Angleterre. Plus proche de nous géographiquement, la cathédrale de Perpignan possède elle aussi une cuve baptismale en plomb. Mais sans décoration figurée. D'ailleurs en dehors de la Cerdagne (à l'ouest des Pyrénées Orientales) et du Roussillon, les cuves baptismales en plomb se font rares.
Alain Girard, le conservateur des musées du Gard, souligne « que la proximité stylistique de cuves de Berneuil (Somme) et d'Espeaubourg (Oise) permet de considérer que les artisans fondeurs se déplaçaient, avec leurs moules, au gré des commandes. Et en fonction de l'iconographie voulue et des dimensions souhaitées, ils assemblaient les panneaux. » La cuve en plomb acquise provient d'un presbytère héraultais. De forme tronconique, elle se compose de cinq panneaux entièrement sculptés sur leur face extérieure. Le Christ en croix et les quatre évangélistes sont représentés.
Son iconographie semble être du XI e siècle. « Cependant, des détails de la décoration tendent à prouver que les sculptures ont été retravaillées », assure le conservateur en chef. Cette cuve peut être datée du XII e siècle.
Le thème de la crucifixion reste rare dans l'art roman. Le Christ est représenté en parousie, c'est-à-dire à son retour glorieux, moins rarement sur les tympans des églises. Tel est le cas à Saint-Gilles (Gard). Pour l'église, il s'agissait, dans la vallée du Rhône et en Languedoc, de combattre les doctrines hérétiques, en particulier celle de Pierre-de-Bruys, répandues au XII e siècle. Selon Alain Girard, « la cuve apparaît donc comme un manifeste d'orthodoxie. »
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