C'est une vieille dame qui n'en est pas exactement à un siècle près, mais dont la patience aurait bien pu s'émousser de façon irrémédiable : véritable joyau de l'architecture romane des XIe et XIIe siècles, l'église Saint-Sabin de Villefranche-du-Queyran « pointe » aux Monuments historiques depuis 1875. Et c'est à elle que la petite commune de 400 âmes doit son titre flatteur de bastide - ça en jette toujours dans un guide touristique.
« Une restauration longue et coûteuse »
Villefranche, son maire en tête, a donc décidé de renvoyer l'ascenseur à la bâtisse accrochée à un flanc de colline ensoleillé. Dans la mesure de ses moyens, bien sûr : « Il y a des années qu'on pensait à la restaurer, explique Alain Claverie, mais on savait que ce serait long et cher ». Il faut dire que la dame n'est plus toute pimpante : le toit ne subsiste plus qu'au-dessus du chœur, la façade a été minutieusement grignotée par la végétation, qui s'invite jusqu'à l'intérieur - « Des arbres ont commencé à pousser ». Bref, on part de loin…
La commune a fait réaliser, sous la houlette de l'architecte en chef des Monuments historiques, Stéphane Thouin, une étude sur l'état sanitaire de l'édifice, escortée d'un projet de restauration. Moyennant 11 000 € (1), « mais au moins, on savait où on allait », dit Alain Claverie. En l'occurrence, vers un projet de restauration de près de 700 000 € hors taxes, en vue de faire de Saint-Sabin un lieu dédié « à des expositions ou pouvant accueillir des concerts de musique de chambre dans le chœur, avec des formations resserrées de 3 ou 4 musiciens », poursuit l'élu.
C'est précisément cette étude qui permettra à Saint-Sabin de se mettre sur les rangs dans le cadre du projet « Patrimoine cherche mécènes », initié par le conseil général et la préfecture, avec le concours de la Fondation du patrimoine et de la région Aquitaine. Et parmi les 82 sites ou objets présentés à travers tout le département, Saint-Sabin se retrouvera finalement, en septembre dernier, dans le « top cinq » des projets retenus, au côté du parc du château de Virazeil ou du hameau de Saint-Avit, à Lacapelle-Biron. Les travaux, qui se décomposeront en 4 tranches, pourraient démarrer en 2012, pour une résurrection attendue à l'horizon… 2017. Une paille pour une vielle dame de huit siècles.
(1) Avec le concours financier de l'/Etat, du conseil général et de la communauté de communes de Val de Garonne.
Parmi les cinq projets phares de l'opération « Patrimoine cherche mécènes », la réhabilitation de l'église de Villefranche-du-Queyran pourrait démarrer en 2012.
Bientôt une association des amis de saint-sabin
Le maire de Villefranche-du-Queyran, Alain Claverie, se montre prudent lorsqu'on évoque la part qui restera à la charge de la commune dans la facture finale de la restauration de l'église Saint-Sabin : « On espère ne pas avoir à débourser plus de 5 % ou 10 %, en bénéficiant du maximum d'aides », explique-t-il. Reste que ce n'est pas la commune qui pilotera la destinée du lieu, mais une structure associative qui devrait voir le jour d'ici au mois de février 2011. « Une réunion se tiendra le 20 janvier pour la mettre sur pied, en présence de Chloé Toupé, qui représente la Fondation du patrimoine dans le département », poursuit Alain Claverie. La nouvelle venue a de grandes chances de s'appeler « L'association des Amis de Saint-Sabin ». Une structure qui pourrait ratisser très au-delà des seuls habitants de Villefranche-du-Queyran : « C'est une affaire qui intéresse tout le Marmandais », assure le maire, qui évoque les retombées en matière de tourisme patrimonial, un créneau qui a le vent en poupe. Car pour l'heure, seuls quelques initiés profitent des splendeurs romanes de l'édifice.
Source: la dépêche
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