Romanes.com

Forez: Apprendre le langage de l'icône

Du mercredi 22 au dimanche 26 avril, de 9h30 à 17h, Sylvène Bonnet-Bürgel propose un stage de peinture d'icône dans son atelier de Marols dans les Monts du Forez. Le matériel est compris dans les tarifs (planche + tout le nécessaire pour peindre à la détrempe à l'oeuf avec les pigments naturels selon les techniques traditionnelles, sauf la feuille d'or pour ceux qui souhaitent dorer à la feuille).

50 euros la journée (non adhérent 70 euros) . Pour les non adhérents: 2 journées découverte à 50 euros par jour, cotisation annuelle pour les adhérents à l'association 40 euros. Chacun peut s'inscrire 1, 2, 3, 4 ou 5 jours.

Renseignements auprès de l'association Sylabb 04 77 76 54 79.

Article du 13 juin 2006: Saint-Romain-le-Puy: le langage de l'icône


Comment deux expressions artistiques en apparence très différentes, à savoir l’art roman, une forme d’architecture répandue dans nos contrées et l’art iconographique que l’on croit l’apanage de la tradition chrétienne orientale, peuvent-elles intégrer le même langage ?

C’est à cette question que Sylvène Bonnet-Burgel, à l’invitation de l'association Aldebertus - une association dynamique qui s'est donnée pour but de sauvegarder et promouvoir le prieuré de Saint-Romain-le-Puy, haut lieu forézien s'il en est - est venue proposer quelques éléments de réponse dans la nef du prieuré perché.



A droite: Anne et Joachim. Les églises romanes " étaient des icônes ". Leur intérieur était entièrement peint. Le prieuré de Saint-Romain garde de beaux restes de ses couleurs mais dans le Forez, le prieuré de Pouilly-lès-Feurs est un des rares a les avoir gardé presque entièrement. L'iconographe de son côté, dans sa réalisation, pose la feuille d'or puis pose les ténèbres (les couleurs sombres) pour revenir à la lumière par l'éclaircissement. La genèse de l'icône suit ainsi la Genèse.

D’origine slave, Mme Bonnet-Burgel a baigné dans les hauts-lieux de l’art sacré et fut peintre d’icônes dans un couvent de dominicaines de l’Ain. Tombée amoureuse de notre région, elle s’est installée à Marols où elle anime un atelier d’icônes et propose des stages à celles et ceux qui souhaitent apprendre à les peindre selon les techniques traditionnelles.

Mme Bonnet-Burgel débuta son exposé en définissant ce qu’est une icône, en protestant d’abord contre le lieu commun qui voudrait que l’iconographie ne soit que le monopole de l'’Eglise d’Orient, de la Grèce ou de la Russie. "C’est faux, nous dit-elle, l’icône, si elle s’est surtout développée en Europe de l’Est, prend sa source dans tout le bassin gréco-romain." Mais aussi - et c’est quand même un gros point de différence avec la peinture telle qu’elle s’est exprimée en Occident par la suite - une icône n’est pas un portrait, elle est l’expression d’un monde transfiguré. "Si l’icône, ajoute-t-elle, invite le spectateur à se laisser voir par elle, tandis qu’un monument, roman ou autre, submerge le visiteur et l’incite à voir, sinon comprendre, tout un monde de formes, il n’en demeure pas moins qu’il y a dans le fond, entre les deux, l’expression d’un même langage".


L’étude de l’architecture romane et de l’iconographie nous introduit dans une même science traditionnelle des formes, des lignes et des couleurs qui les relient entre eux. Ces deux arts sacrés nous incluant tout entier dans la célébration du mystère qu’ils expriment chacun à leur manière et qui est celui contenu dans les Ecritures. Tout est affaire de symbolisme et de logique, de rapport en somme, quand les chiffres donnent naissance à des figures géométriques, lesquelles évoquent des concepts : matière, imperfection, dualité, homme/femme, union, perfection, esprit…

Le monument roman et l’icône obéissent ainsi à un plan géométrique similaire qui traduit le cheminement initiatique, depuis le rectangle imparfait jusque vers l’accomplissement...




A droite, un Christ Pantocrator (transparent-modèle d'icône) qui s'intègre parfaitement dans le plan du prieuré de Saint-Romain. Les points de tangeante correspondent parfaitement.

Ainsi, dans l’église romane, c’est le narthex rectangulaire qui accueille le visiteur dans l’édifice. Autrefois les gens qui n’étaient pas baptisés n’avaient pas le droit d’aller plus loin et d’avancer dans la nef en direction du chœur. " Dans l’icône, traditionnellement de forme rectangulaire, le visage nimbé du personnage correspond au chœur dans le plan roman ", explique
Sylvène Bonnet-Burgel.

source: Forez Info