L'Office de Tourisme de Penne d'Agenais dans le Lot et Garonne organise des circuits de découverte des églises romanes du Pays de Serres et la visite de Sainte Quitterie où la restauration de magnifiques peintures murales vient de s'achever.
Le bâtiment:
L'église Sainte-Quitterie de Massels est un édifice roman, comportant une nef unique, une travée de chœur et une abside semi-circulaire. Elle est couverte d'une voûte en berceau brisé, sans doute postérieure à la nef elle-même. Contre le mur sud de la nef romane a été bâtie, au XVe siècle, une chapelle de plan carré. La chapelle est couverte d'une voûte d'ogives quadripartite dont les nervures prismatiques retombent dans les angles sur des consoles moulurées et se croisent au niveau d'une clé de voûte armoriée, au motif effacé. Deux fenêtres à large ébrasement sont ouvertes sur les murs sud et ouest de la chapelle, l'une en plein cintre, l'autre, celle du sud, en partie refaite. Les fenêtres, décalées vers les angles de la chapelle, sont contemporaines de la construction, et le décor peint est organisé en fonction des ouvertures.
Les peintures:
Le thème iconographique de la chapelle, très homogène, illustre un cycle de la Passion. Sur le mur nord, occupé en partie par la grande arcade brisée qui sert de lien avec la nef romane, seule une scène a été dégagée. Sous une arcade surbaissée, a été représenté le Couronnement d'Epines. Deux bourreaux, vus de profil, enfoncent la couronne avec deux tiges de roseau entrecroisées, in modum crucis, sur le front du Christ. Le registre supérieur est encore caché sous les enduits, ainsi que la portion ouest du mur. Sur le mur oriental, le registre médian est divisé en trois scènes. À gauche, on distingue un épisode insuffisamment dégagé, peut-être repeint, dont la partie visible est constituée par une arcature flamboyante reposant sur une fine colonnette, qui se détache sur un fond noir à résille oblique, identique à celle du Couronnement. La scène centrale est celle du Portement de Croix, où le Christ apparaît, courbé sous une croix au bois nervuré. On distingue à droite, dans le dernier panneau, séparé par une colonne, une Crucifixion symbolique, en partie dégagée, avec la Vierge et saint Jean. Le peintre a représenté la même croix nervurée et le même sol piqueté de végétation que sur la scène précédente. Le registre supérieur est encore dissimulé sous les enduits. Tout le mur sud est orné d'un fond rouge à résille blanche oblique, avec fleurons noirs. Le registre médian est divisé en trois scènes encadrées par un arc surbaissé qui retombe sur des colonnes à chapiteau lisse. La scène de gauche représente la Descente de Croix. Deux échelles sont placées contre la croix, un personnage sur chaque échelle soutient le Christ tandis que Nicodème arrache les clous avec une tenaille. On aperçoit un sol ocre avec bouquets de végétation, en partie dissimulé par une litre noire postérieure, qui occupe les murs sud et ouest.
Les ébrasements de la fenêtre sont occupés par un diacre martyr, tenant un livre et une palme, vêtu d'une dalmatique rouge, peut-être saint Laurent, et d'une sainte couronnée qui piétine un animal fantastique et qui pourrait être sainte Marguerite. Au-delà, la scène centrale est occupée par une Mise au Tombeau, parfaitement conservée. Les protagonistes sont au nombre de sept, Joseph d'Arimathie à la tête du Christ, tenant le linceul, Nicodème aux pieds, tous deux barbus, vêtus de chapeaux plats et de manteaux à cols brodés, avec fermail. La Vierge, saint Jean et Marie-Madeleine, tenant un pot ainsi que les deux Saintes Femmes à l'arrière-plan, ont tous des auréoles gaufrées. Deux soldats, endormis, l'un sur une lance, l'autre sur une hallebarde, sont placés en avant du tombeau orné d'anneaux. La troisième scène, à droite, représente la Descente aux Limbes : le Christ, vêtu d'un manteau blanc bordé d'un galon d'or, tient le labarum et tire Adam d'une gueule monstrueuse.
Le registre supérieur est en cours de dégagement : le bas d'une robe rouge et d'un manteau d'un personnage vu de face, et occupant l'axe du panneau est visible actuellement, ainsi que les jambes de soldats vêtus et armés de la même manière que ceux de la mise au tombeau et de la montée au Golgotha. Le sol est piqueté de végétation. Le mur ouest est entièrement occupé par un grand Jugement Dernier, peint sur fond rouge à résille, dont le registre supérieur et la partie droite, au-delà de la fenêtre, ne sont pas encore dégagés. À gauche, une Jérusalem Céleste, formée d'une courtine crénelée et de deux tours, contient des élus, visibles aux fenêtres et aux créneaux. Ils sont accompagnés par deux anges. Saint Pierre accueille les âmes devant la poterne de la tour de droite, à demi fermée par une herse, et à côté de lui saint Michel, brandissant une épée de la main droite occupe l'axe du Jugement. Un escalier lie le registre inférieur à la porte de la Jérusalem Céleste, une volée de marches en diverge vers la gauche, occupée par une petite âme nue. À gauche de l'escalier, des anges habillés de vêtements sacerdotaux guident des âmes en prière. Au centre de la scène, le registre inférieur comporte des buissons en flammes, et on peut penser à un Purgatoire. On peut s'attendre à trouver dans la partie droite de la scène les restes de l'Enfer, et au sommet du mur, sous le formeret, le Christ et peut-être les apôtres, séparés du Jugement par une frise quadrilobée, en partie visible, qui fait le tour de la fenêtre. (source: Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France Tome LIV (1994))
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