Nous reproduisons ici un article complet de La Tribune de l'Art qui met en avant les dangers des réorganisations ministériels:
Nous avons eu à plusieurs reprises l'occasion de parler ici de la RGPP, Réforme Générale des Politiques Publiques (voir notamment cet article). Engagée depuis plus d'un an, cette réforme menace désormais d'être mise en œuvre très rapidement : les textes devraient être publiés cet été et l'application est prévue le 1er octobre 2009.
Les trois directions du Ministère seront la « direction générale des patrimoines », la « direction générale de la création artistique » et la « direction générale des médias et des industries culturelles » ce qui correspond (à des détails d'intitulé près) à ce qui était déjà connu depuis plus d'un an (voir brève du 17/4/08).
Christine Albanel affirmait encore récemment aux syndicats, très remontés sur cette question, que les responsables des musées, du patrimoine ou des archives seraient de vrais directeurs. Le projet d'arrêté (daté du 4 juin 2009) est très clair sur ce point : il n'est plus question de directions des musées de France, du patrimoine ou des archives, mais bien de « services ». Les « directeurs, adjoints au directeur général », prévus à l'origine, deviennent de simples « directeurs-adjoint », c'est à dire de simples chefs de service. D'une manière totalement hypocrite mais révélatrice, il est prévu, pour essayer de calmer le mécontentement, que « pour la première nomination suivant l'entrée en vigueur du présent décret, les directeurs-adjoints [...] ont rang de directeur d'administration centrale » ; cette disposition prouve ipso facto que les suivants n'auront plus de véritable rang de directeur1. Sachant par exemple que les directeurs d'établissements publics sont nommés par le Conseil des Ministres, on imagine la légitimité qu'aura le « directeur-adjoint des musées de France » par rapport aux directeurs des grands musées. Cette perte totale de pouvoir est entérinée par l'article 8 du décret qui prévoit que : « dans tous les textes réglementaires en vigueur, la référence à la direction de l'architecture et du patrimoine, à la direction des musées de France et à la direction des archives de France est remplacée par la référence à la direction générale des patrimoines ».
Nous avions également parlé des inquiétudes des archivistes (voir brève du 10/7/08). Non seulement il n'y aura plus de véritable directeur des archives comme nous venons de le voir, mais le caractère interministériel de ce service n'est même plus prévu dans le projet d'arrêté.
Pour les cinquante ans du ministère de la Culture, les arbitrages de l'Elysée et de Matignon entérinent donc ce qui s'apparente à un véritable démantèlement de cette administration telle qu'elle existait depuis sa création. Cette réorganisation, les baisses d'effectifs encore plus drastiques que dans les autres ministères (deux départs à la retraite sur trois ne seront pas remplacés) et surtout menées sans véritable analyse des besoins, les coupes budgétaires ainsi que les multiples attaques portées contre les lois protégeant les monuments historiques (voir notre article), toute l'action de ce gouvernement va dans le même sens, celui d'un affaiblissement sans précédent de la politique patrimoniale.
Didier Rykner
(mis en ligne le 6 juin 2009)
1. Il est d'ailleurs précisé dans une note datée du 18 mai signée de Guillaume Boudy que cette disposition transitoire « ne garantit que la première nomination de ces adjoints en conseil des ministres ».
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