Par cette provocation, le maire de Massat, en Ariège, espère faire pression sur l'épiscopat et récupérer l'usage de cet édifice.
La petite annonce évoque «un porche d'inspiration romane», «de grands volumes» et «des vitraux anciens». D'importantes réparations sont toutefois «à prévoir» sur ce bien construit au XVIIe siècle, précise le texte posté en début de semaine sur le site eBay. Bien entendu, les visites sont possibles sur rendez-vous. Prix de départ : 1 euro.
Inédite, la mise aux enchères sur Internet de la chapelle de l'Aisle, un petit édifice situé dans le village ariégeois de Massat, suscite réactions amusées ou embarras. Par ce pied de nez, le maire vient en effet de jeter sur la place publique son différend avec l'Église. L'annonce, qui émeut les milieux chrétiens, a déjà été lue par plus de 1000 internautes. «Il ne s'agit pas d'une vente réelle, mais d'un appel pour que le diocèse accepte enfin de libérer la chapelle», explique Léon-Pierre Galy-Gasparrou (DVG).
Massat, propriétaire du lieu de culte, aimerait en faire une salle de fêtes et d'expositions. Mais la chapelle doit d'abord, en vertu de la loi de 1905, avoir été désaffectée par le préfet avec l'accord de l'Église. C'est ce feu vert que le vicaire général de Pamiers refuse de donner, «par crainte de créer un précédent dans le diocèse». «La porte n'est pas fermée mais nous refusons de discuter sous la pression médiatique», indique Bruno Anel, le porte-parole diocésain.
À l'appui de sa demande, le maire met en avant la faible fréquentation du lieu de culte dans ce village reculé, où vivent de nombreux «néo-ruraux».
Massat, 587 habitants, compte aujourd'hui une église et deux chapelles. Aucun office religieux n'a encore été célébré cette année dans l'édifice mis aux enchères. Avec ses 450 m² au sol et sa centaine de places assises, la chapelle de l'Aisle sert aujourd'hui à l'organisation d'expositions, toujours conformes au caractère sacré de l'endroit. «À chaque fois, il faut l'accord du curé, peste le maire. En 2005, une manifestation sur le soixantième anniversaire des camps de concentration a ainsi été refusée.»
Alors que des travaux de réfection de la toiture, du sol et de l'électricité sont envisagés, pour un montant de 250 000 euros, le conseil municipal assure qu'il préservera ce patrimoine (estimé à 666 000 euros) à condition d'en récupérer une jouissance libre.
Le collectif laïc ariégeois prend, lui, ce désaccord «tout à fait au sérieux», puisque de nombreuses églises rurales sont concernées. Dans un communiqué, l'association précise qu'elle ne cautionne pas la tournure en dérision de l'affaire, que certains ramènent aux querelles de Don Camillo et Peppone .
source: Le Figaro.fr
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