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Moissac. On peut à nouveau contempler le tympan

Il y a quelques jours, les ouvriers se sont activés devant l'abbatiale pour démonter l'échafaudage installé devant le portail roman depuis près de trois semaines. Un temps qui a pu paraître long aux amoureux d'art roman venus admirer le tympan. Pourtant, à l'office du tourisme, les éventuels accès de mauvaise humeur des visiteurs ne se sont pas fait ressentir. « Nous n'avons pas enregistré de plainte particulière, confie-t-on à l'accueil. Les gens ont plutôt été compréhensifs quant à la nécessité de cet échafaudage. » Maigre consolation, ils auront tout de même pu découvrir le tympan en photo, dans l'une des salles de l'office du tourisme.

Et maintenant ?

Pour comprendre l'objet de cette expertise du tympan, il faut remonter à 1982. À cette date, des travaux avaient été réalisés pour retrouver le niveau originel du parvis, en abaissant la place d'un mètre. Ceci avait alors permis de traiter les murs contre les remontées d'humidité le long de la paroi. En 2000, une première expertise avait alors été réalisée pour mesurer les répercussions de ces travaux de 1982 sur la préservation du tympan, donnant des résultats plutôt bons (voir encadré ci-dessous).

Cette nouvelle expertise d'octobre 2010 avait donc pour but de déterminer l'évolution de la dégradation du portail roman depuis dix ans, par le biais de comparaison de clichés des altérations. Ces résultats seront connus d'ici quelques semaines. Si l'état du portail est inchangé, l'affaire en restera là. En revanche, selon le maire, « s'il y a une progression des dégradations, cela conduira sûrement à une série d'autres expertises, afin de réaliser un diagnostic des causes de la détérioration et des solutions à apporter et, le cas échéant, les travaux nécessaires ». Un scénario dans lequel habitants et touristes devraient alors s'habituer à la présence de constructions métalliques devant leur chère abbatiale.

«Les recommandations seront suivies d'effets»

Dans une dépêche de l'AFP, Véronique Verges-Belmin, experte du laboratoire de recherche des monuments historiques qui a réalisé le diagnostic du portail ce mois-ci, la situation est grave. C'est déjà elle qui avait établi le diagnostic en 2000, précisant que les lourds travaux entrepris dans les années 1980 avaient « sauvé le portail », mais sans stopper le mal. Le rapport précisait que le portail se trouvait « dans un état de conservation préoccupant ». Or, « aucune action de conservation n'a été menée sur ce portail » depuis les années 1980. Malheureusement, ce document était alors tombé aux oubliettes. Mais cette fois, la ville et l'État ont décidé de ne pas « laisser retomber le soufflé ». « Les nouvelles recommandations seront suivies d'effets », certifie Roland Pousse, directeur des affaires culturelles.

Restaurer ou pas ?

Si cela est nécessaire, la municipalité compte sur l'aide de la région, du département et de l'État qui doit « montrer l'exemple » selon Roland Pousse, car la ville seule ne pourrait assurer un tel chantier. « C'est le grand écart, entre une richesse patrimoniale monumentale qui nous dépasse presque, et de petits moyens, dans un milieu rural, avec peu de possibilités économiques », poursuit-il.

Ici, la pollution n'est pas en cause. L'abbatiale a souffert de la construction, au ras du cloître, de la ligne de chemin de fer au XIXe siècle. Le chantier a insidieusement modifié le cheminement des eaux souterraines. L'eau est remontée par capillarité et a gravement endommagé la pierre.

Comme beaucoup d'autres, il voit au tympan de Moissac, à côté du retour du Christ à la fin des temps, une allégorie du désengagement de l'État des affaires culturelles.

Pour Dominique Paillarse, directeur des affaires culturelles de Midi-Pyrénées, « l'État prend déjà tout son rôle. Le laboratoire de recherche des monuments historiques est ainsi intervenu gracieusement. Quant au financement d'une restauration, il est trop tôt pour que l'État prenne le moindre engagement. Mais nous sommes extrêmement attentifs car il s'agit d'un patrimoine exceptionnel. »

Source et illustrations: La dépêche