Afghanistan, les trésors retrouvés, collections du Musée National de Kaboul
Paris, musée Guimet, jusqu'au 30 avril 2007
On peut considérer comme miraculeuse la présence à Paris des trésors présentés depuis le début du mois de décembre au Musée Guimet. Le musée de Kaboul avait subi de sérieux dommages dès la période « soviétique » de la guerre d’Afghanistan mais le pire était à venir après la fin, en 1992, du régime prosoviétique de Najibullah. La guerre civile entre factions islamistes qui suivit la lutte contre l’occupant et ses collaborateurs fut en effet encore plus dévastatrice et la majeure partie des collections conservées fut détruite ou volée pour finir dans les réseaux de vente illégale d’antiquités. La destruction à l’explosif des statues géantes du Bouddha qui faisaient la gloire de Bamiyan laissait en tout cas présager le pire et il restait peu d’espoir de remettre un jour la main sur des trésors tels que celui de Begram, découvert par les archéologues français à la veille de la seconde guerre mondiale. La fin, en 2001, du régime des talibans permit pourtant de retrouver, dans les coffres du sous-sol de la banque centrale de Kaboul où Najibullah avait ordonné leur mise à l’abri une partie notable des trésors du patrimoine afghan. Quatre ensembles différents fournissent la matière de l’exposition du musée Guimet et suffisent pour révéler au public l’importance qu’a revêtue cette région durant l’Antiquité, celle d’un carrefour d’influences indiennes, perses, grecques et scythes. Le trésor de Fullol (cinq vases d’or et sept d’argent, dont trois sont présentés à l’exposition) a été découvert par des paysans en 1966 en Bactriane, dans le bassin de l’Amou Daria supérieur. Il témoigne de la richesse de la « civilisation de l’Oxus » qui, au IIIe millénaire avant J.-C., jouait un rôle d’intermédiaire entre le plateau iranien et la Mésopotamie à l’ouest et le monde de l’Indus à l’est. Les vestiges d’Aï Khanoum nous renvoient à l’époque où les Grecs conduits par Alexandre multipliaient les fondations de cités appelées à devenir, pour certaines d’entre elles, les grandes villes d’aujourd’hui, ainsi Alexandrie d’Arachosie devenue Kandahar ou Alexandrie d’Ariane, ancêtre de l’actuelle Hérat. Les reconstitutions virtuelles d’Aï Khanoum révèlent une agglomération dotée d’un plan hippodamique rigoureux et occupant un espace impressionnant. Contemporain du premier siècle après J.-C., le trésor de Tillia Tépé, la « Colline d’or » comptait près de vingt mille pièces dont les plus remarquables – une couronne d’or, une statuette de bouquetin et un superbe pectoral – constituent le « clou » de l’exposition. Enfin, le trésor de Begram – l’ancienne Alexandrie du Caucase – daté lui aussi du premier siècle de notre ère, comprend des médaillons de pierre sculptés, des rhytons de verre, des plaques d’ivoire ciselées et l’admirable statuette, en ivoire elle aussi, d’une déesse fluviale au déhanchement délicat, posée debout sur un makara, un monstre marin, qui révèle l’ampleur de l’influence exercée par l’Inde voisine.
Site de l'exposition:
http://www.guimet.fr/tresorsafghans/index.html
source: Lettre d'informations culturelles - Nouvelles de Clio n°67
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