Marche avancée de l’Empire carolingien au sud des Pyrénées dès le début du IXème siècle, la Catalogne médiévale s’organise à partir de 875, sous l’autorité du comte Guifred le Velu, comme une entité indépendante, intermédiaire entre l’espace franc et les territoires d’al Andalus placés sous l’autorité des émirs, puis des califes de Cordoue. En première ligne face à l’Espagne musulmane, elle doit compter avec une insécurité permanente, surtout quand le hadjib Ibn Abi Amir al Mansour multiplie, à la fin du IXème siècle, les raids contre les terres chrétiennes du nord de la péninsule. Barcelone et la région du Vallés sont ainsi détruites et pillées en 985 mais la région n’en témoigne pas moins d’une puissante vitalité, fondée sur un essor démographique un peu antérieur à celui qui touchera bientôt l’ensemble de l’Occident. Les défrichements réalisés par les populations contraintes de quitter les espaces montagnards désormais trop peuplés permettent de pousser la colonisation au delà du Llobregat – qui fixait jusque là, au sud, la frontière de l’ancienne marche d’Espagne - alors que l’exploitation du fer de la région du Canigou favorise l’essor d’une métallurgie capable de fournir l’outillage et l’armement nécessaires au développement de cet avant-poste de la Chrétienté occidentale. Au début du XIème siècle, des combattants catalans vont mêm se mettre au service des factions musulmanes qui se disputent alors vainement l’héritage de Cordoue. L’affirmation progressive du comté de Barcelone, principauté chrétienne qui sera ensuite éloignée de fait des champs de bataille de la Reconquista, va de pair avec un réveil spirituel et culturel de grande envergure, qui se traduit, vers le premier tiers du XIème siècle, par la multiplication, à l’initiative de l’abbé Oliba de Ripoll, devenu ensuite évêque de Vich, de sanctuaires inspirés le plus souvent de modèles architecturaux véhiculés par des maîtres et des artisans venus d’Italie du nord. Cette architecture « lombarde » est alors illustrée, au cours des années 1030, par la fondation des sanctuaires de Ripoll et de Vich, par celles de la basilique de Cardona et de l’église de Casséres, suivie vers 1120 par la construction, au coeur du massif pyrénéen, de l’imposante San Clemente de Tahull.
Mais l’art roman catalan ne se résume pas aux seuls sanctuaires édifiés au lendemain de l’an mil quand, selon la formule fameuse de Raoul Glaber, « l’Occident se couvrait d’un blanc manteau d’églises ». Il nous a également laissé d’admirables sculptures. Réalisées dans le bois, comme la Descente de Croix d’Erill la Vall conservée au Musée de Vich, le Christ en majesté d’Ellar ou la Vierge à l’enfant de Ger du Musée d’Art de Catalogne de Barcelone. La façade de Ripoll et la profusion de ses décors témoigne, tout comme les chapiteaux historiés des cloîtres de L’Estany, de San Cugat del Vallés, de San Benet de Bages et de Gérone, de la richesse d’invention et de la maîtrise des imagiers du temps. Mais c’est sans doute dans le domaine de la peinture que l’art roman catalan manifeste sa plus grand originalité. Le Pantocrator de Tahull, le Saint Paul du château d’Orcau, les Rois Mages d’Esterri d’Aneu, les saints de la Seu d’Urgell, le Christ en gloire d’Esterri de Cardos, le Péché originel de Saint Martin de Sescorts ou le meurtre de Thomas Beckett de Santa Maria de Tarrassa constituent un somptueux ensemble que le visiteur peut découvrir dans les musées de Barcelone, de Vich ou de Solsona où ces fresques ont été regroupées. Mais c’est sans doute avec la peinture sur bois, notamment celle des devants d’autel, que les artistes catalans de l’époque ont exprimé le mieux la foi intense et naïve qui les animait, au point de séduire, au début du XXème siècle, les peintres de l’avant-garde, partis chercher leur inspiration auprès de cet « art premier » des lendemains de l’an mil.
Après Barcelone, c’est au tour de Perpignan de proposer aux amoureux de l’art roman cette présentation à laquelle peuvent faire écho les visites de Saint Michel de Cuxa, du cloître d’Elne, de Saint Martin du Canigou ou du prieuré de Serrabonne dont les superbes chapiteaux de porphyre font écho à la sublime simplicité de ceux de Santa Maria de l’Estany.
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