En 1938, Prosper Mérimée écrivait dans Notes d'un voyage en Auvergne à propos de l'église Saint-Sauveur de Figeac : « On n'a cessé de faire à Saint-Sauveur des additions et des changements continuels, jusqu'à ce qu'enfin le 19e siècle ait achevé de la défigurer, (…) et qu'à cette occasion l'on a démoli un magnifique porche (…). »
Car en effet, Saint-Sauveur accueillait autrefois ses fidèles par un porche, dont personne ne sait grand-chose, si ce n'est qu'il aurait été construit entre 1130 et 1150 et détruit entre 1826 et 1827. «Imaginez un porche roman, très sculpté à l'image des église de Conques, Moissac, Cahors ou Souillac, explique Priscilla Malagutti, du service du patrimoine de Figeac, surmonté d'un cloché haut de 40 mètres, et construit sur 3 arceaux (donc 3 entrées), soutenus par des piliers et colonnes avec une tour et des escaliers permettant de monter au clocher. D'après les descriptions, ce devait être un passage sombre, puisqu'il était surnommé « la grotte ». En 1831, Jacques-Antoine Delpon, archéologue départemental, fait une description considérée comme fantasmagorique du porche dans Statistique du département du Lot. « L'entrée du proche offre un portique de 14 mètres de haut sur 12 de large, (…) orné autour d'un cordon où l'on a sculpté en plein relief des animaux dont la plupart sont mutilés, mais on y reconnait des tigres, des lions, des ours, des dragons, des tortues, (…) » Un tympan aurait figuré au-dessus représentant le Christ entouré des évangélistes.
C'est suite au rapport d'un ingénieur des Ponts et chaussées du Lot que le projet de destruction du porche commence. Le poids du cloché provoque une faiblesse du bâtiment. Jugé comme n'étant « d'aucune utilité, extrêmement massif et qui n'offre rien d'agréable à la vue » , la décision est prise et « la grotte » fini par disparaitre. « Il faut savoir qu'à cette époque, explique Priscilla Malagutti, avant les années 1830, l'art gothique est le plus en vogue comparé à l'art roman qui lui, est jugé sans qualité. »
De ce porche il ne reste aujourd'hui que 8 chapiteaux : l'un est conservé à l'église des Carmes, 4 dans l'église Saint-Sauveur, un autre encore se trouve au Cloisters Museum de New York. Quant aux 2 derniers, ils ont été réutilisés à la croisée du transept afin de reconstruire l'église Saint-Sauveur qui a vu en 1917, son dôme s'effondrer. « Ces chapiteaux sont, avec quelques traces sur la façade, les seuls témoins conservés. Ils représentent des femmes Atlantes, des décors géométriques avec des feuillages stylisés, ou encore des animaux qui sont significatifs de l'art roman. La file d'animaux devait se présenter comme à Carennac et les colonnes reposant sur des socles en forme de lion ou de léopard, assez peu commun, comme à Mauriac dans le Cantal. On ne peut malheureusement que faire des suppositions, il reste mystérieux et c'est à chacun de se l'imaginer. » L'exposition « les témoins invisibles » retrace l'histoire des monuments disparu de Figeac comme celle du porche à l'espace patrimoine.
Source: La dépêche
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